C-i-dessous l'intégralité du texte paru dans les DNA, "La ville en débat" du 10 novembre 2011

Changement de braquet pour le "lieu d'Europe" au Kaysersguet. Après la consultation, les grandes lignes du projet sont sur la table. Reste à donner un contenu et une réalité à ce grand dessein : créer un lieu de vie et d'échange autour du fait européen, décliné dans son histoire, ses valeurs fondamentales, ses cultures et qui s'adressent autant aux résidents permanents qu'aux hôtes de passage.

Le 28 octobre dernier le cabinet “ Kanopée consultants ” présentait, au terme d’une consultation de plusieurs mois, son rapport sur le projet de création d’un « Lieu d'Europe » au Kaysersguet. Cette étude, inscrite au contrat triennal « Strasbourg capitale européenne », développe un schéma ambitieux visant une zone de chalandise passant par Sarrebourg, Karlsruhe, Baden Baden, Fribourg et Colmar, soit près de 3 millions d’habitants. Loin d’être une « maisonnette de l’Europe », selon les termes de certains de ses détracteurs, les grandes lignes du projet mettent en évidence la pertinence du site, son contexte et sa desserte optimum.
Du diaporama projeté lors de cette restitution on retiendra les mots clefs susceptibles de faire venir, et revenir, les publics visées pour être initiées à l’Europe culturelle en ses composantes de paix, d’altérité, d’action démocratique, d’environnement et de développement durable.
Dans cet objectif les acteurs primaires (l’état, les collectivités territoriales, l’union européenne, l’Euro District, etc.) s’articuleraient à une diversité d’acteurs secondaires (institutions européennes présentes, Université & écoles, le CIIE, les ONG, les entreprises internationales, le pôle audiovisuel, les associations de quartier,…), ensemble de partenaires solidaires pour un projet partagé.

Dans un premier temps, d'ici 2013, la villa Kayser sera rénovée. Les façades seraient conservées et l'intérieur entièrement remanié.
Dans un deuxième temps, soumis à un concours d’architecture, c'est une extension de 6600 m2 (4000 m2 d’emprise au sol) qui doit sortir de terre. Une Agora centrale, équipée de moyens audiovisuels et informatiques, distribuerait divers espaces (espace permanent sur l’Europe, CIIE, espace pour des expositions temporaires, ateliers de projets, lieu de réunion et amphithéâtre, restaurant/bar, commerces & souvenirs ainsi qu’un espace mystérieux intitulé : Incubateur/Hôtel d’ONG…

Le hic, dans cette magistrale démonstration, c'est bien entendu la coupe sombre de 4000 m2 d’espace vert. Amputer ainsi le tiers du parc de la villa Kayser est une pilule bien difficile à avaler.
Toute raison gardée, pour s’inscrire harmonieusement dans l’écrin du Kaysersguet, le dimensionnement de l’extension doit gagner en économie de surface à bâtir.
De notre point de vue, il serait plus juste de penser le « lieu d’Europe » configuré à l’image d’un réseau articulé, engageant ainsi l’ensemble des espaces à vocation européenne et internationale, ceux dont bénéficie déjà la ville, et ceux à venir.
Un tel dispositif finement lié, bien plus qu’un site unique, même emblématique, serait en mesure de transmettre sa dynamique à la cité, de fonder la notion de capitale européenne et serait bien moins gourmand en espace et en budget.
Dans une telle constellation le projet Kaysersguet est une des étoiles que nous souhaitons bien entendu des plus brillantes, mais certes pas la seule à nous éclairer.

A cet égard, le contenu du projet nous semble devoir être profondément (re)travaillé, en conviant autour de la table tous les partenaires dûment repérés. Il serait bien naïf de penser qu’un rapport d’un cabinet de consultant, le plus performant soit-il, suffirait à une telle tâche.
La politique d’une ville ne peut se déléguer de la sorte. Elle ne peut pas d’avantage être livrée à des lobbying, fussent-ils actifs.

Des axes intéressants et positifs sont ouverts. Il s’agit à présent de travailler de concert ; est-il concevable que le comité de réflexion, jusqu’ici, ne compte pas d’experts de la culture ni de représentants des services culturels de la ville ? Le peuple de l’art serait-il si loin de l’idée de paix, de démocratie, d’altérité, d’économie, que l’on puisse l’ignorer ?
L’étude demande par ailleurs nombre de précisions concrètes sur les contenus, le(s) mode(s) de gestion et de financement.
A la différence d’une opération marketing, le lieu d’Europe n’obéit pas à une logistique marchande et ne convaincra le public que par la qualité des contenus, par sa créativité c’est-à-dire par une programmation vivante et singulière, l’excellence du cadre architectural et du niveau de convivialité proposé.
Toute la difficulté reste de donner vie à un concept original qui ne se soit pas perçu comme le parachutage d'une institution de plus. L’association Kartier Nord reste fermement engagée et disposée à contribuer à l’avancement d'un projet qui irait dans ce sens.

Kartier Nord

Kaysersguet : un projet partagé ?

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