Lieu de vie et de convivialité, de débat et de partage, fabrique de projets, le tout dédié à l’Europe avec la culture pour ciment… le Kaysersguet devient un des projets phare de la municipalité doté d’un financement conséquent.

Suite à la délibération du conseil municipal du 8 novembre dernier et du vote validant l’implantation du “ Lieu d’Europe ” au Kaysersguet, le projet entre désormais dans une nouvelle phase.Le débat sur le choix du site n’a, de fait, plus lieu d’être et nous laisserons donc de côté les prises de position contradictoires et pesantes d’arrière-pensées.
Plutôt que de voir ce projet comme une discorde de plus dans le Landerneau de la Robertsau, ne serait-il pas, en effet, plus judicieux de saisir cette occasion pour redynamiser notre quartier par une action culturelle pilote et ses retombés économiques. N’est-ce pas le moment et le moyen de créer, enfin, un lien entre les anciens habitants et ceux, de toutes nationalités, venus plus récemment habiter ce quartier ? Dans les rues du “ Läuch ” on entend aujourd’hui parler anglais, allemand, italien, turc, russe, hollandais… Où, à ce jour, ces sensibilités peuvent-elles se rencontrer et s’enrichir de leurs apports mutuels ?
Kartier Nord reste convaincu que le Kaysersguet peut être le lieu d’un projet partagé avec tous les habitants de ce quartier. à cette fin, il faudra pourtant rapidement créer les conditions ouvrant cette perspective.
La rénovation du bâtiment existant est prévue pour 2013 pour un montant de 2,4 millions d’euros. Un lieu convivial avec un café ainsi qu’un lieu d'expo, souhaits maintes fois exprimés, font partie de ce premier lot de travaux. Le Centre d'Information sur les Institutions Européennes (CIIE), actuellement situé avenue de la Paix, occuperait le reste de l’espace.
S’il es t évident pour tous que des travaux s’i mposent, il serait dommage de ne considérer la demeure que sous l’extériorité de sa façade. Ne faudrait-il pas aussi s’interroger sur la valeur historique de l’intérieur et en repérer les attraits qui méritent conservation et mise en valeur ? Les « Gueter », ces maisons de campagne édifiées au 18e siècle par des strasbourgeois fortunés, sont les témoins d’une page importante de l’histoire de la Robertsau et méritent au minimum de l’attention.
Concernant le parc, la volonté de lui conserver son caractère naturel, « en rupture » avec ce qui se fait alentour, a été affirmé. Cette option mérite là aussi qu’il y soit donné suite. Mais il serait trop facile de convoquer quelque paysagiste « agrémenteur de l’urbanisme d’urgence »… L’évolution du parc pourrait s’inspirer des concepts novateurs de “ Jardin en mouvement ” : « Faire le plus possible avec, le moins possible contre » selon les termes de Gilles Clément promoteur de ce concept de parc urbain . Une philosophie de l’espace vert qui rejoint à bien des égards le « zéro pesticides » et laisse aussi sa place à la friche…
Avancer de tels arguments alors que, dans une deuxième phase, le projet prévoit une amputation d’un tiers du parc (4000 m2 au sol pour une surface utile de 6000 m2 avec pour budget 20 millions d’euros) peut paraître contradictoire. Mais est-ce en criant au bétonnage et en s’arc-boutant sur l’existant que l’on sauvera des arbres ? Si ce programme échouait, quel projet autrement plus ravageur l’emporterait demain ? Enfin, pour s’inscrire harmonieusement dans l’écrin du Kaysersguet, nous voulons encore croire que le dimensionnement de l’extension peut être revu à la baisse sans que pour autant l’ensemble ne perde pas de son éclat.
Mais pour cela le projet doit être amendable et selon les termes même de ses promoteurs puisse «se continuer dans la concertation». Le risque existe, en effet, que les partenaires associatifs soient considérés comme les faire-valoir de décisions prises en amont et non comme de réels partenaires engagés dans l’élaboration et l’aboutissement des projets.

Kartier Nord

Article paru dans l'écho de la Robertsau de décembre 2010

Kaysersguet, c’est tout bon ?

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